On entend souvent dire à des gens que la presse peut à certains moments constituer un véritable outil d’aide à la décision en ce sens que ses écrits et ses dires devraient, plutôt que d’être rejetés du revers de la main, constituer, lorsqu’ils sont surtout insistants, avoir valeur d’alerte qui pourrait ouvrir la voie à de véritables enquêtes.
Depuis quelques semaines en effet, le tronçon Pegnoundou- Tchibanga dans la province méridionale du Gabon, la Nyanga, long d’une cinquantaine de kilomètres, ne cesse d’alimenter les conversations, non pas seulement parce qu’il n’est pas allé à son terme, raison pour laquelle il se trouve actuellement dans un piteux état (bourbiers par cette saison pluvieuse), mais aussi et surtout parce que l’on ne semble pas s’interroger au Ministère en charge de la bonne gouvernance notamment, sur les raisons de cet état de fait, en clair sur quel usage a été fait des milliards de francs destinés aux différents travaux sur cet axe (terrassement, goudronnage et autres). Un bon pactole si l’on se réfère aux coûts pratiqués à Libreville par la Colas sur le linéaire PK5- PK12 qui a été livré après 7 ans à raison, avancent certains confrères pas encore démentis jusqu’ici, de 10 milliards de francs CFA le kilomètre.
Cependant, l’on observe presque quotidiennement le ministre en charge de la bonne gouvernance, Me Nkéa Ndjigue, sensibiliser les responsables et agents des administrations publiques sur l’impérieux devoir de faire preuve de sérieux dans la gestion des déniers. Mieux, les autorités gouvernementales semblent plus que jamais déterminées à sonner le tocsin en poursuivant jusqu’aux entreprises qui font du tort à l’État en surfacturant par exemple, ce qui obère les capacités du pays à se développer et donne l’impression qu’on fait du surplace dans de nombreux secteurs d’activité.
Pourquoi ne pas se saisir de l’information émise sous forme de question (Où sont passés les…milliards de la route Pegnoundou- Tchibanga ?) pour diligenter une enquête qui pourrait révéler bien de choses et permettre à la justice de peut- être faire son boulot et jouir de la crédibilité qu’on voudrait qu’elle ait dans un pays où elle n’est pas toujours en odeur de sainteté vis- à- vis des populations qui la jugent souvent, à tort ou à raison, partisane ?
L’on attend que quelque chose soit fait dans ce sens et dans les règles de l’art car cela est préjudiciable aussi bien aux routiers qu’aux populations originaires de la Nyanga habitant notamment Tchibanga et ses environs, mais pourquoi pas pour le Gabon qui a investi son argent sans pouvoir en tirer profit. Combien de temps cela va- t- il encore se produire sans susciter la vive réaction, voire la désapprobation des autorités qui ont intérêt à communiquer même quand certaines allégations sont fallacieuses?
Tatave Dounguenzolou