Situé au nord-est de la province de la Nyanga, le département de la Doutsila, peuplé aujourd’hui d’environ 4 500 habitants, était il y a vingt ans encore un grand champ. Le riz, la banane et le taro étaient les principales cultures. Le riz était cultivé à Nyali, tandis que les deux autres denrées étaient produites dans tout le département.

De nos jours, la vocation agricole de la Doutsila n’est plus qu’un lointain souvenir. Le vieillissement des cultivateurs, l’exode rural et le mauvais état des routes sont les causes de la baisse drastique de la production agricole. Il y a également, pour ce qui concerne l’arrêt de la culture du riz, une mauvaise décision des pouvoirs publics. Alors que le riz est devenu un aliment de base pour les Gabonais, les Doutsilois se demandent toujours pourquoi un bon matin de 1996, l’Etat a décidé de fermer la station rizicole de Nyali, renvoyant ainsi les coopérants chinois chez eux. De l’avis général, le riz de Nyali était de très bonne qualité. La station rizicole ne demandait qu’à être agrandie afin de satisfaire une partie de la demande nationale. Sa fermeture a également été un coup dur porté au pouvoir d’achat des planteurs. Ceux-ci s’étaient déjà constitués en coopérative. Il leur suffisait donc un accompagnement pour faire d’eux de grands producteurs. Aujourd’hui, la nature a quasiment repris ses droits sur la station rizicole.

L’absence d’autres activités économiques dans le département de la Doutsila et la tentation de la ville ont poussé les jeunes à l’exode rural. Il fallait donc s’attendre au vieillissement de la population des cultivateurs et, en conséquence, à la baisse de la production agricole. Le mauvais état de la route a douché l’ardeur des producteurs et des commerçants qui y allaient s’approvisionner. Actuellement, la Doutsila se contente de l’agriculture de subsistance. Il est loin le temps où des camions en sortaient tous les jours chargés à bloc de banane ou de taros. A Nyali, quelques personnes essaient de faire revivre le maraîchage. Les productions tournent autour de la tomate, la laitue, le piment, le chou et l’aubergine vendus à Tchibanga, à Ndendé ou à Mouila.

Dans les années 1980, le département de la Doutsila a mené une expérience concluante d’élevage de bovins. Les bouviers étaient encadrés par les techniciens d’Agrogabon. Comme pour la culture du riz, il a été mis un terme à l’activité sans explication. Le blé également peut pousser dans cette partie du Gabon. Un test concluant a été fait dans les années 1970.

Tout compte fait, la Doutsila est une terre fertile. Elle espère être prise en compte de la politique agricole nationale visant l’autosuffisance alimentaire. Outre les pouvoirs publics et d’éventuels opérateurs économiques nationaux ou étrangers, des personnes physiques, notamment les ressortissants du département, peuvent faire renaître sa vocation agricole. Ne dit-on pas qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ?

 

Anaïs MOULONGOU