Gabon: Béchir, le petit tigre en carton de la radio panafricaine

Le bout d’homme est Administrateur Directeur Général (ADG) de la radio panafricaine Africa N°1, actuellement en hibernation faute de ressources pour la remettre en service. A la tête de cette boîte, il représente  les intérêts libyens (52% du capital) et jouit d’un pouvoir quasi divin. Le Libyen Béchir ne se prend pas pour n’importe quel quidam. Du haut de son statut, il fait ce que bon lui semble. A défaut de faire son boulot d’ADG afin de justifier son salaire qui plafonnerait à cinq millions (5 000 000), entièrement versé par le trésor public gabonais, il a recyclé ses compétences dans le boulot de vigile. C’est lui qui, en effet, surveille les entrées et sorties des véhicules et de quelques rares agents nostalgiques  qui viennent donner un peu de chaleur à ce site qui présente l’image d’un bâtiment hanté. 

Cet individu qui a toujours été considéré comme une couille molle, nous surprend quelque peu du fait de sa nouvelle posture. Le premier responsable de la radio panafricaine qui ne prenait jamais de décision, se contentant de s’enfermer dans sa forteresse du 1er étage où il se tournait les pouces, se la pète désormais. Du temps où la radio émettait déjà des signaux  de son agonie et avait besoin d’une thérapie d’urgence pour sa survie, Béchir était presqu’évanescent. N’eut été le redressement judiciaire de Roger-Valère Moussadji qui, malheureusement, était torpillé par quelques abrutis manipulés de l’extérieur par des politiques qui ont profité de leurs statut pour détourner à leur profit un pan important du plan de redressement et qui, aujourd’hui, se retrouvent dans la nasse, la radio aurait reçu  depuis plus d’une décennie son extrême onction. Il fallait donc s’y attendre, tous les indicateurs d’une mort certaine étaient réunis, ce qui arrive à Africa N°1 ne surprend personne. Les conclusions du redressement judiciaire n’ayant jamais abouti quant à leur application, l’euthanasie de ce grand malade hélas s’impose aujourd’hui.    

Le sieur Béchir, en plus de son nouveau boulot de sentinelle, en est désormais réduit à prendre part au petit rassemblement sur le perron avec une poigné d’agents qui veillent au chevet du grabataire, caressant naïvement l’espoir d’un possible  miracle de la part des autorités gabonaises. Chaque jour, on peut apercevoir sa petite silhouette, accompagnée d’agents assis sur le parvis de ce bâtiment, méditer sur le sort de cette radio. A vrai dire, il fabrique chaque jour des raisons d’occuper son temps, d’où ses errements qui agacent les agents. Désormais il se mêle de tout.  Les voitures des agents étaient jusqu’ici lavées dans l’enceinte du site mais sieur Béchir en a décidé autrement. Pour y mettre un terme, l’homme a préféré faire interrompre la fourniture d’eau. C’est également lui qui, encouragé dans ses œuvres par un pantouflard de la pire espèce, un brasseur d’air bien connu des agents de cette radio, s’était permis de faire entendre un agent d’Africa N°1 par la DGR pour un motif aussi farfelu que ridicule. Cet arabe sans relief et à l’allure avachie, n’avait pas supporté que l’agent, excédé par ses façons de faire, surtout sa duplicité qui irrite plus d’un, lui rappelle promptement qu’il était bien en terre gabonaise et non en Libye où les nègres sont méprisés et esclavagisés à souhait par quelques obscurantistes des temps modernes, dignes héritiers des pratiques barbares de leurs ancêtres. 

C’est le lieu ici de s’interroger sur la situation réelle de la radio africaine dont les agents qui trainent plusieurs mois d’arriérés des salaires, ne savent toujours pas le sort qui leur est réservé. Les deux actionnaires que sont la Libye et l’Etat gabonais, englués dans un conflit d’intérêts quant à la gestion du passif de cette société anonyme, ont du mal à trouver un modus vivendi. Tout est au point mort. C’est le statuquo qui dure depuis des années au point que l’Etat gabonais qui fait preuve d’humanisme, continue, bien qu’au lance pierre, à verser les salaires aux agents. Mais cette charité va durer combien de temps ? S’interrogent de nombreux agents inquiets.  

                                                                   

Franck Charly Mandoukou

Rédacteur en Chef, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...