Les gens doivent sans doute s’ennuyer au point de nous pondre des trucs aussi insensés et d’une suprême stupidité. Pour marquer leur existence et meubler leurs états des services, ils consacrent l’essentiel de leur temps à torturer leurs méninges afin de secréter ce qu’ils roient bêtement être une invention fondamentale d’une grande utilité pour la bonne marche de la République. 

les trouvailles les plus hallucinantes, figure en première ligne l’interdiction faite aux usagers d’accéder aux institutions et autres ministères en pantalon de tissu Jean.

Ce tissu conçu à base de coton, si sa toile est un peu raide, ne diffère en rien aux autres tissus faits dans les mêmes matériaux. Quoi de plus normal que de
porter un pantalon Jean, l’essentiel n’est-ce pas qu’il soit bien coupé et débarrassé des fantaisies superflues inspirées des nouveaux créateurs de mode.

On peut comprendre que le Jean destroy soit proscrit car il ne serait pas de bon ton de le vêtir hors de son contexte social où la rectitude vestimentaire n’est pas de mise. Nous sommes bien conscients que les milieux de la grande débauche seraient bien indiqués pour ce genre d’accoutrement et inapproprié dans une institution.

Le Jean fait désormais partie de la nouvelle esthétique vestimentaire. Lointaine est l‘époque où
ce tissu était la marque déposée des Cowboys nègres en charge des pâturages des têtes de bétails, propriété des esclavagistes Blancs de l’Amérique raciste bien avant que l’industrie Hollywoodienne ne falsifie l’histoire en la blanchissant. Le Jean, en effet, s’est intégré à la modernité vestimentaire, il fait désormais partie de nos habitudes de consommation. Il s’est affranchit de la vielle Amérique pour s’imposer dans l’ère du temps de la culture urbaine. Les grands hommes de ce monde l’ont d’ailleurs intégré dans leurs gardes robe. Même la haute bourgeoisie connue pour son conservatisme ringard, l’a quand même adopté.

Des chefs d’entreprises, des décideurs le portent sans complexe. Chez nous, il souffre encore d’aprioris réducteurs, œuvre d’une masse de tarés ayant atterri en ville par une maladive effraction et veut nous imposer sa conception villageoise des choses.

Ses atavismes villageois, à ses yeux, passent pour des valeurs qu’il faut imposer aux citoyens libres d’une République. On aimerait tout de même connaître à quoi ressemble la tronche de ce savant qui a pondu une telle ânerie : proscrire le Jean en milieux institutionnels, franchement ! En quoi le port d’un pantalon Jean est contraire à la norme vestimentaire et peut-être même irrévérencieux pour le sérieux que l’on veut donner à nos institutions ou nos ministères ? Quoi, préfère-t-on le grand boubou arboré chez nous par une espèce d’individus au nom d’une idéologie religieuse importée d‘Orient et du Moyen-Orient? Je ne veux pas débattre ici des choix portant sur les canons esthétiques issus des cultures de chaque peuple.

Je tente simplement de comprendre cette place de choix réservée à ce boubou porté même par certains chefs d’Etats lors des réceptions hautement solennelles. Entre le grand boubou et le pantalon Jean, s’il m’était donné de choisir, en termes d’esthétique, j’opterais les yeux fermés pour le Jean.

Lorsque le président d’un pays non musulman se noie dans cet accoutrement grotesque pour représenter son pays à l’étranger lors d’une visite officielle, personne ne trouve à redire, même pas
ceux qui passent pour les gardiens du temple de la société bien pensante. Ceux qui inspirent ce genre de saloperie voudraient sans doute nous replonger
dans la société traditionnelle où les grandes parures étaient faites en tissu de raphia. Pourquoi ne pas carrément décréter le port obligatoire du raphia et en faire la tenue officielle en territoire gabonais un peu comme dans le Zaïre du dictateur et sanguinaire Mobutu qui, au nom de sa philosophie de « l’authenticité’’, avait fait de ce qu’il appelait ‘’ABACOST’’ la tenue officielle, proscrivant par la même occasion le port de la cravate ?

Dans ma vie de journaliste-reporter, j’ai vu un confrère (Stephen Smith du journal Le Monde) en pantalon Jean, basket et Paulo, s’il vous paît, accéder au bureau du président de la République de l’époque sans que cela n’écorche le sens élevé du politiquement correcte de quelques imbéciles qui croient refaire le
monde. Pôvre Afrique !