Libreville, Gabon, (Gabon-infos.ga)-A l’observation, Paris et ses partenaires de l’Union européenne nous donnent l’impression d’avoir révisé leur copie au sujet de leur soutien supposé à l’opposant Jean Ping qui avait pourtant toute leur faveur. Au lendemain de la présidentielle du 27 août 2016 remportée par l’actuel président dans des conditions défiant toutes les règles démocratiques, en effet, l’Union européenne, témoin de ce que l’on pourrait qualifier de farce électorale, n’avait pas fait mystère de la manière peu démocratique dont le scrutin avait été organisé. La posture affichée par cette institution européenne était perçue comme un refus de cautionner l’imposture. Et du coup, Paris, de son côté, ne pouvait ramer à contre-courant de la position affichée par l’institution européenne dont elle est membre.
Renforçant ainsi la ligne de défense de l’opposant Jean Ping dans sa bataille pour la prise du pouvoir. D’où son fameux ‘’plan B’’ qui supposait un petit coup de main de la part de l’institution européenne pour dégager Alain-Bernard du pouvoir. Surtout que le contexte postélectoral, dominé par un climat de violence, ruinait toutes les chances d’Ali de demeurer longtemps au pouvoir. C’est pourquoi nombreux prophétisaient le départ prématuré d’Ali pour un exile forcé, cela grâce à la main invisible de Paris, l’Union européenne et la communauté internationale.
Malgré les pressions de la communauté internationale et d’une opposition coalisée derrière Jean Ping, Ali s’arc-boute au pouvoir. Les diverses pressions se sont révélées n’être qu’un coup d’épée dans l’eau, un flop déconcertant, puisqu’Ali Bongo est toujours là, imperturbable. Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron  au pouvoir en France, lequel incarnait la rupture avec la vieille peste gaulliste, chantre de la Françafrique,  l’espoir, pourtant, était permis mais s’est soudain transformé en une illusion qui déchante les intellectuels progressistes africains. A y regarder de très près, on a vite compris que le rétropédalage de la communauté internationale cache des dessous inavoués : Ping, sur sa carte génétique, traîne une tare héréditaire. Un boulet qui est un véritable frein, un handicap à son accession au pouvoir. Un pouvoir qui ne s’est pas encore affranchi de l’influence tutélaire qui en est le véritable marionnettiste. Ses origines asiatiques, en effet, de par son père, constituent l’insoluble problème. Paris a peur, peur de voir son pré carré passer sous la domination des barbares rouges venus d’Orient. La percée chinoise en Afrique n’est pas bien perçue par Paris. La preuve : depuis qu’elles opèrent en Afrique, les entreprises chinoises font l’objet d’un pilonnage médiatique sans répit. Une campagne médiatique très orientée menée par des médias français ce qui, indiscutablement, en dit long quant à leur aversion face à l’arrivée des Chinois en Afrique où les entreprises françaises font désormais face à une rude concurrence. Le non-respect des normes environnementales par les Chinois qui écument la faune et la flore en Afrique, était relayé dans les moindres détails. Il fallait trouver la petite bête et ainsi discréditer les Chinois aux yeux de l’opinion internationale. Jean Ping a souvent servi d’interface entre le Gabon et la Chine dans la construction du gros œuvre lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, apparaissant même comme une sorte de trader des fonds chinois au Gabon. On en veut pour preuve : la construction des deux bâtiments abritant les deux chambres du parlement, totalement ou presque financés par des fonds chinois en contrepartie d’avantages en nature directement tirés de la faune et la flore. En bonne conservatrice des acquis obtenus dans un contexte flou où elle signait des Accords imbéciles avec des chefs tribaux illettrés, la France ne pouvait applaudir l’arrivée de Ping à la tête de ce qu’elle considère comme sa chasse gardée. Ping président ne serait qu’une bien divine aubaine pour les Chinois qui se verraient ainsi dérouler le tapis rouge ; et une monstrueuse erreur de stratégie que n’aurait pas pu commettre Paris. Entre se risquer à amener Jean Ping au pouvoir, un type très proche du giron politique asiatique et dont elle n’a aucune maîtrise, et la conservation de ses intérêts, Paris, au nom de ‘’la raison d’Etat’’, a fait un choix judicieux, celui de se torcher avec les valeurs républicaines dont elle passe  pourtant pour la gardienne du temple.