Même si elle devait remporter la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, elle n’aurait aucune possibilité d’imposer un premier ministre au Chef de l’Etat. Et pour cause, la nouvelle loi stipule qu’en cas de majorité contraire à l’Assemblée nationale, la politique de la nation est définie par le Président de la République, en concertation avec le gouvernement.
Voilà qui fait dire à l’opposition qu’avec cette loi « antidémocratique », Ali Bongo anticipe déjà l’éventualité d’une défaite de son parti démocratique gabonais aux législatives, et craint une possible cohabitation au sommet de l’exécutif. Ce qui  serait suicidaire pour son magistère, puisqu’il ne pourrait plus mettre en œuvre toutes ses mesures sans l’aval d’une Assemblée nationale et d’un premier ministre opposants. Ils les bloqueraient naturellement sans état d’âme, surtout lorsqu’on s’oppose systématiquement à tout. Un tel scénario, aussi démocratique qu’il soit, n’a pas plu au dialogueurs d’Angondje. Pour verrouiller l’éventualité d’une telle cohabitation difficile au sommet de l’Etat, ils ont préféré retenir le principe de l’absolutisme. Lequel consacre au président de la république, tous les pouvoirs de décision. D’où l’article 8 qui stipule que « le président de la république est le détenteur suprême du pouvoir exécutif ». Disposition contraire à celle de l’ancienne loi qui prévoyait que « le président de la république est le détenteur suprême du pouvoir exécutif qu’il partage avec le premier ministre ».          La suppression de cette précision n’est pas anodine. Elle répond volontiers à cette peur d’être gêné par un premier ministre issu de l’opposition au cas où l’Assemblée nationale serait acquise à l’opposition. Comme on peut bien le constater, au lieu d’évoluer, ici on a régressé en matière d’acquis démocratiques.
La reculade démocratique                                                
C’est du moins ce que pense l’opposition radicale. Elle qui a toujours dénoncé les assises d’Angondje comme étant une foire de distribution de postes entre participants. Les faits pourraient bien lui donner raison. Car en plus d’avoir confié au Chef de l’Etat tous les pouvoirs extraordinairement absolutistes, notamment avec désormais la prestation de serment de toute l’administration devant lui, après lui avoir garanti l’impunité totale, puisqu’il ne sera pas poursuivi pour des fautes commises par lui au terme de ses fonctions, les négociateurs du stade de l’amitié lui ont également donné le pouvoir de tenir en laisse l’opposition. Un véritable coup de grâce porté à une démocratie déjà au rabais depuis des décennies. Et le locataire du palais du bord de mer, quel qu’il soit, tel un monarque sans limites, sous le paravent constitutionnel, devra régner sur la démocratie comme un petit berger faisant paître son troupeau avec un bâton.